Vous arrive-t-il, comme moi, de vous parler tout seul et même parfois à haute voix ?  Dans le contexte d’isolement social lié à la Co-Vid, on peut penser que c’est sans doute une façon de se sentir moins seul, mais pas forcément …

Je dois dire que je me parle toute seule, depuis toujours, tous les jours et même peut-être plusieurs fois par jour… que ce soit dans ma vie professionnelle ou même dans ma vie privée …

En fait, je n’ai jamais arrêté… en vieillissant, je fais juste attention à une chose, ne pas me parler à voix haute quand je suis entourée de gens que je ne connais pas beaucoup… simplement pour m’épargner des regards en coin !

Si à une époque on pouvait être vu comme des malades mentaux, ce n’est plus le cas maintenant. On emploie même la terminologie de discours autodirigé ou d’auto-conversation. Et cela aurait certaines vertus… plutôt rassurant de pouvoir se dire « je me fais la conversation, mais non je ne suis pas tarée ».

Me parler, m’aide à me concentrer, à rester focus sur ce que je fais.  J’arrive à comprendre plus vite les situations, les contextes, et, ensuite, à mieux envisager et programmer les actions à mettre en œuvre pour avancer ou résoudre un problème.

En fait, cela m’aide vraiment à réfléchir, à structurer ma pensée, à analyser et à progresser.

De façon plus légère, je peux aussi me donner du courage avec un : « Allez, vas-y » comme si je devais faire un saut à l’élastique ou me féliciter en me disant des choses du style : « Tu as bien fait » et même parfois un « T’es géniale ! ».

 

Ça c’est pour le bon côté de la chose, mais il y a, bien entendu, l’autre facette.

Je peux aussi être moins gentille avec moi en me disant : « Tu n’aurais pas dû » « C’est complètement idiot ce que tu as fait ou ce que tu as dit », « Tu es stupide », … et quand je suis vraiment dans ces discours négatifs, j’ai recours à Paulette…

Paulette, c’était le prénom d’une connaissance de mes parents. Alors que je devais avoir une dizaine d’années, je l’ai entendue dire à ma mère « Je vous plains avec vos 3 filles, les enfants c’est que des emmerdements ». Depuis ce jour-là, je n’ai vraiment pas aimé Paulette !  Et ensuite je me suis aperçue qu’elle était toujours mais vraiment toujours dans la critique.

Donc je fais appelle à Paulette c’est le nom que j’ai attribué à cette autre qui me critique, et je me dis : « C’est encore un coup de Paulette » et bien entendu, comme je me parle, je me/lui dis « Arrêtes Paulette, ça suffit, ça ne sert à rien de toujours être dans le négatif ! »

Quand Paulette continue, je lui demande de dire les choses différemment, par exemple au lieu de dire « Tu aurais dû faire…. », je lui suggère de «Tu as fait comme tu as pu ».

Parfois, je pousse même Paulette à aller au summum de la critique pour ensuite la remettre vraiment en place « Paulette t’exagère comme d’hab., c’est totalement disproportionné ce que tu dis et c’est pas si grave après tout ! » .  Cela me fait me rendre compte qu’en étant « polarisée » par ce reproche ou cette réflexion négative, je lui attribue une place sans commune mesure avec la réalité.

Paulette est d’un grand recours pour moi car peut-être l’avez-vous remarqué, on est souvent notre pire juge et ce qu’on se dit, on ne le dirait peut-être vraiment pas à quelqu’un d’autre…

Si ce n’est pas déjà fait, trouvez votre Paulette, une personne qui a existé ou qui existe, un personnage de film ou de BD, ou inventez-le. Vous verrez que ça va vous aider à progresser et à avoir une meilleure estime de vous !

 

Dans certains contextes, il est, cependant, difficile de s’empêcher de se reprocher à ce qu’on aurait pu, du ou oser faire ou dire.  On s’en veut terriblement, et on commence à ressasser, on fonctionne en boucle et on reste bloqué sur des situations ou sur des pensées ….

Pour pouvoir avancer, il suffit bien souvent d’oser dire ce qu’on garde au fond de soi.

Dans les cas très prégnants, on peut trouver très utile d’exprimer ce qui devient pesant, quitte à attendre quelques temps, plusieurs semaines, plusieurs mois ou même plusieurs années, pour le transmettre à la personne concernée quand ce sera plus compris, plus accepté ou plus pardonnable.

Quand on est dans des auto-discours négatifs récurrents et délétères, on peut aussi faire appel à des professionnels : coach, psy qui vont travailler sur l’estime de soi.

 

Patricia